De quoi parle-t-on ?
Ce projet de directive pour lutter contre le gaspillage fixe des objectifs chiffrés. Ainsi, sur le volet alimentaire, le texte prévoit une réduction de 30% du gaspillage en magasins, dans les restaurants et à domicile d’ici décembre 2030, et de -10 % dans l’industrie agroalimentaire (par rapport à 2020). Alors que près de 131 kilos de nourriture sont gaspillés chaque année par habitant européen, selon des chiffres fournis par l’UE, ce projet pourrait se traduire par une limitation des promotions en magasin, des incitations pour les retailers à donner les excédents, et des avantages pour ceux qui commercialisent des fruits et légumes « laids ». En parallèle, Bruxelles veut clarifier le système d’étiquetage de la DLUO des produits (« à consommer de préférence avant… »).
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La fast fashion dans le viseur
Ce projet de directive touche aussi le textile : pour réduire l’empreinte carbone de la fast fashion et améliorer la recyclabilité des habits, l’idée est de faire payer les industriels pour leurs déchets (vêtements et chaussures mis au rebut). « On ne peut pas interdire aux gens d’acheter de nouvelles choses s’ils en ont envie, a déclaré Virginijus Sinkevičius, commissaire européen chargé de l’environnement. Mais je dois garantir qu’à la fin de leur vie, ces biens peuvent trouver un meilleur moyen que d’être incinérés ou jetés en Afrique. » Selon l’UE, chaque citoyen de l’UE jette, chaque année en moyenne, 12 kilos de vêtements et de chaussures, dont plus de 75 % sont incinérés ou mis en décharge. Selon le texte, le coût de la prise en charge des déchets vestimentaires par les entreprises équivaudrait à environ € 0,12 par t-shirt, avec des écarts selon la composition du produit et le traitement nécessaire.
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Des mesures similaires sont déjà en place en France (avec la loi AGEC) et en Espagne, et les États membres sont déjà tenus de mettre en place des systèmes de collecte des déchets textiles d’ici le 1er janvier 2025, par types de composants (Waste Framework Directive).
Du côté des industriels, l’argument avancé est celui du manque d’infrastructures dédiées au recyclage. H&M a déclaré qu’il soutenait ces mesures, avec l’objectif que 30 % de ses vêtements soient fabriqués à partir de fibres recyclées d’ici à 2025. Euratex, fédération de la mode, a déclaré au FT qu’elle travaillait sur des projets pilotes dans 11 régions, pour créer un système circulaire avec des vêtements plus durables.